Dimensions :
Nagasa « longueur » : 66.0 cm
Sori « courbure » : 2.8 cm
Moto-haba « largeur à la base » : 2.94 cm
Saki-haba « largeur à la pointe » : 1.81 cm
Moto-kasane « épaisseur à la base » : 0.66 cm
Saki-kasane « épaisseur à la pointe » : 0.41 cm
Nakago « soie » : Ubu (forme originelle)
Certificats d’authenticité
Katana – NBTHK Hozon Tōken
« Oeuvre à préserver »
Koshirae – NTHK-NPO Kanteisho
« Oeuvre importante »
Fushigashira – NBTHK Hozon
« Oeuvre à préserver »
Fushigashira – NTHK-NPO Kanteisho
« Oeuvre importante »
Tsuba – NTHK-NPO Kanteisho
« Oeuvre importante »
Descriptif :
Cet uchigatana de grande beauté est un classique des lames forgées en Bizen à la fin de la période Muromachi (1467-1572), et constitue un exemple typique de la transition majeure qu’a subie cette arme à cette époque. En effet, bien que l’école Sue-Bizen soit connue pour avoir produit un nombre important de sabres de qualité inférieure « kazu-uchi mono » durant cette période, quelques très belles pièces ont néanmoins été élaborées par de grands maîtres et celle-ci pourrait en faire partie.
De type shinogi-zukuri en saki-zori, cette lame dispose d’un nagasa de 66 cm et d’un sori d’une profondeur remarquable de 2.8 cm. Cette forme typique de katana est l’une des caractéristiques principales qui définit l’uchigatana. Sa fonction première est celle d’être utilisée pour frapper rapidement et plus particulièrement pour le katate-uchi, destiné quant à lui à être manié exclusivement à une main, marquant ainsi le grand changement dans les techniques de combat du samouraï au XVIe siècle. Le dos de la lame est en iori-mune, on peut également constater la présence de deux rainures « bō-bi » sur les les deux faces du sabre.
Le type de forge « kitae » se compose d’un mélange de mokume-hada et d’itame-hada avec une grande quantité de ji-nie. La ligne de trempe « hamon » très active en nioi-deki et ko-nie, est de type gunome-chōji-midare dite en forme de pinces de crabe avec un nioiguchi épais et laiteux, révélant une riche activité de sunagashi, kinsuji, ashi et yō . On peut également admirer la beauté et la grande clarté d’un utsuri-midare se reflétant sur toute la lame. La ligne de trempe de la pointe « bōshi » est de type sansaku, assez atypique pour l’époque mais reste une caractéristique aux artisans de l’école d’Osafune.
Le magnifique koshirae qui accompagne cette pièce, est doté d’un certificat NTHK Kanteisho et se compose d’un fourreau « saya » marron laqué avec une finition rugueuse, ressemblant à un sol granuleux en pierre. La garde « tsuba » en forme de chrysanthème « kikka-gata » dont le thème représente un dragon bondissant d’un nuage, est signée Jakushi (若芝) et datée de la fin de la période Edo. La finition de cette pièce est constituée d’un ajourage élaboré en nikubori-sukashi avec une utilisation de plusieurs métaux de couleur dorée « iroe ». L’ensemble fushi-kashira représente des feuilles de Paulownia « kiri-mon » et dispose également d’un certificat NBTHK et NTHK, il est attribué à Sendai Kiyosada et conçu à partir d’un alliage de cuivre-or « shakudō » avec un beau surfaçage « nanako » et des incrustations colorées en kingin-zōgan-iroe. On peut remarquer également sur le côté omote la présence d’un warki-kōgai en shibuichi représentant l’emblème « kamon » de l’ancien clan Mōri appelé : Maru-ni-Mitsu-boshi.
Artiste et école :
Beaucoup d’artisans ont utilisé le nom Sukesada (祐定) à travers l’histoire de la forge japonaise, la plupart d’entre eux se trouvaient en Bizen et ont contribué à l’essor de plusieurs écoles dans cette province . Parmi celles- ci se trouve la tradition Sue-Bizen, active du milieu à la fin de la période Muromachi et dont l’origine remonte à plusieurs ramifications de l’école-mère d’Osafune créée au XIIIe siècle.
Malheureusement, les conflits incessants qui ravagèrent le Japon durant l’ère des provinces en guerre « Sengoku–jidai (1467-1568) », força bon nombre de forgerons en Sue-Bizen et Sue-Seki à faire face à une importante demande en lames. En effet, cette situation contribua à une production de masse de sabres au détriment de leurs qualités, ce qui entraîna le déclin des grandes traditions de forges en Bizen et Mino et la perte des acquis et techniques qui faisaient la grandeur des anciens sabres de la période kotō.
Avis de Kojiki Gallery :
Après presque 500 ans, ce katana demeure un objet historique de grande valeur, démontrant malgré les tumultes de la période Sengoku, les dernières étincelles du savoir-faire de l’ancestrale tradition de Bizen. Beaucoup de sabres forgés durant les ères Eishō-Taiei (1504-1528) sont connus pour être d’une qualité exceptionnelle.
Bien que la NBTHK ne s’est pas prononcée sur l’identité exacte du forgeron « Sukesada », toutes les caractéristiques de cette pièce nous indiquent que seul un grand maître ayant la maîtrise nécessaire pour réaliser une telle trempe sans altérer la lame, aurait pu la concevoir. Or, en prenant en compte la date 1523 à laquelle ce sabre a été forgé et ses spécificités techniques, deux grands noms de la forge Sue-Bizen de cette période viennent à l’esprit : Sukesada no Jō Hikobei et son fils Sukesada no Jō Yosōzaemon. Ces deux artistes sont considérés comme étant les plus talentueux de leur époque, et leurs oeuvres sont également reconnues Saijō-saku « Forgeage exceptionnel » et Ō-wazamono « Excellent Tranchant » dans les ouvrages de Fujishiro et de Yamada.