Dimensions et construction
Longueur (nagasa) : ~ 70 cm
Courbure (sori) : 1.82 cm
Largeur à la pointe (sakihaba) : 24 mm
Largeur à la base (motohaba) : 30 mm
Épaisseur (kasane) : 7 mm
Soie (nakago) : Raccourci (suriage)
Dos (mune) : 2 Pans (iori-mune)
Rainures : Bo-hi
Certificat d’authenticité
NBTHK Tokubetsu Hozon
« Œuvre à préserver particulièrement »
Description
Ce robuste katana forgé en pleine guerre d’Ōnin (1467-1477), est l’œuvre du Shodai Suetsugu. En dépit du raccourcissement de la soie (nakago), la signature (mei) de l’artisan demeure, on peut y lire les caractères (kanji) cursifs suivants : « 長濱 – Nagahama, 末継 – Suetsugu ». La construction de cette lame en torii-zori, est harmonieuse et équilibrée, ce qui reste assez atypique pour cette époque, où l’émergence de l’uchigatana au début du XVe siècle vit une transition vers des lames plus courtes en saki-zori.
Le forgeage révèle un acier (jigane) sombre et un grain (jihada) typique de la province d’Iwami, il se compose d’itame constellé de denses ji-nie et beaucoup de chikei.
Derrière la monotonie attendue d’une trempe en ligne droite (suguha), celle-ci présente néanmoins quelques irrégularités (ko-midare), et cache une très riche activité en nie, tels que de longs kinsuji et sunagashi. Cet hataraki se finit avec la ligne de trempe de la pointe (bōshi), celle-ci est en continuité avec le hamon et révèle un flamboyant hakikake à son extrémité avec un petit retour arrondi (ko-maru) et assez court (kaeri).
La monture (koshirae) qui accompagne cette magnifique pièce est tout aussi somptueuse, elle se compose d’un fourreau (saya) rainuré, cerclé et laqué en inro-izami de couleur marron châtaigne. La garde (tsuba) de forme shippō-gata, est en fer ajouré (sukashi), ornée finement d’incrustations, et prenant la forme d’arabesques dorées (karakuza-zōgan). Les menuki cuivrés révèlent une belle patine, ils représentent une libellule, symbole de victoire et de force pour les samurai. Enfin la paire pommeau/virole (fushigashira) est en shakudō, ciselée et surfacée (nanako), elle représente un thème floral.
Artiste et école
L’ancienne province d’Iwami, connue de nos jours sous la préfecture de Shimane, a été très active durant de la période kotō. En effet, cette relative prospérité vient du fait que l’acier tamahgane produit dans cette région a toujours été d’une grande qualité. Grace au seul bas fourneau encore existant, Shimane reste le seul endroit du Japon où la fonte d’acier au creuset traditionnel (tatara) perdure, et de ce fait, devenant la seule source d’approvisionnement en tamaghane des rares forgerons japonais subsistant aujourd’hui.
Suetsugu est le fils naturel de Sadatsuna de la province d’Iwami. Tous deux sont issus d’une étroite ramification de l’école du célèbre Naotsuna. Depuis l’époque Muromachi, plusieurs ouvrages ont rapporté que celui-ci faisait partie des 10 élèves (jūtetsu) les plus fameux du
grand maître Masamune, mais à l’aune de la non concordance des dates, le débat fait toujours rage aujourd’hui pour confirmer ce fait.
Partie généalogique de l’école Naotsuna et Sadatsuna du XIVe au XVe siècle
Avis de Kojiki Gallery
Cette œuvre du XVe siècle, gratifiée d’un prestigieux certificat tokubetsu demeure rarissime. En effet, la tradition initiée par Naotsuna au XIVe siècle est très confidentielle aujourd’hui, La plupart des pièces encore existantes sont des contrefaçons ou des lames fortement raccourcies dont la signature a complètement disparue (O-suriage).
Ce katana ne souffre d’aucun défaut majeur et reste en parfait état après presque ses 600 ans d’existence. De plus, le koshirae qui l’accompagne est de qualité supérieure et reste parfaitement fonctionnel. Ses caractéristiques et son style rappelle les montures utilisées par les samurai de haut rang pendant l’époque Edo.